Choisir d’ouvrir un dépôt-vente, alors que l’on vient tout juste d’obtenir son diplôme universitaire permettant de créer son cabinet de thérapeute, ne peut nécessairement qu’être l’oeuvre d’une illuminée, me direz-vous.
Pas toujours, vous répondrai-je. Ce peut être aussi l’acte réfléchi d’une passionnée. En tout cas, c’est celui que n’a pas hésité à faire Marie-Reine Prin voilà quatre ans.
Non, la maîtresse des lieux ne s’est pas allongée sur le divan pour essayer de démêler les raisons profondes de son choix, mais, à l’écouter parler de sa boutique, LE HANGAR, installé 16 rue de la Préfecture, on devine qu’elle a complètement fait sienne la devise d’Albert Camus qui veut qu’«Il n’y a pas de honte à préférer le bonheur», car oui, indiscutablement, LE HANGAR est un endroit où l’on vient pour se faire du bien.
Il faut dire qu’on n’est pas vraiment là en présence d’un classique dépôt-vente mélangeant à l’envi et sans distinction fripes au cachet douteux et pièces relevant du vintage ou du grand luxe.
Marie-Reine tourne clairement le dos à ces concepts brouillon et quelque peu schyzophréniques pour ne proposer que de beaux vêtements qu’elle sélectionne avec un soin tout particulier.
Au HANGAR, il est juste impossible de tomber, et ceux pour la plus grande satisfaction des clients, sur des signes d’usure aux entournures, des odeurs irrémédiablement incrustées ou pire encore sur des trous (hormis, bien sûr, ceux ménagés pour le passage des boutons…).
Que du très bon état donc, à des prix que Marie-Reine qualifie simplement «justes», c’est à dire entre 50 et 70% moins chers que le tarif d’origine pour un état sensiblement identique sur l’ensemble des somptueuses griffes telles que Maje, Sandro, Isabel Marrant et autre Paul&Jo.
Autre singularité du HANGAR, ces petits prix sont appliqués indifféremment à l’ensemble d’une gamme de modèles. Ainsi, tous les pantalons sont au même prix, et il en va de même pour les jupes, les petits hauts, les chemises et ainsi de suite. Faut-il préciser que LE HANGAR est le seul dépôt-vente à proposer une mode féminine ET masculine.
La scénographie très aboutie du lieu participe pleinement à développer une ambiance conviviale et détendue où se retrouvent tous ceux qui viennent soigner leur élégance tout en ayant le souci de redonner une deuxième vie à des vêtements, on l’aura compris, de très belle facture (mais de petits prix !). Mais pas que…
On vient aussi au HANGAR pour découvrir et admirer les oeuvres d’artistes, majoritairement clermontois, exposés au gré des coups de coeur de Marie-Reine. Elle avoue d’ailleurs, l’oeil pétillant une certaine addiction au monde de la création artistique et s’empresse, dès qu’elle en trouve l’occasion, de se rendre aux vernissages ou de courir les galeries (pas commerciales, hein ! on l’aura compris, là aussi…).
D’ailleurs les happy-few, soient au bas mot 250 personnes, ne manqueraient pour rien au monde le très couru vernissage qu’elle organise une fois l’an, avec champagne et DJ jusqu’au bout de la nuit. Une soirée on ne peut plus festive où l’on croise forcément du beau linge et des huiles, mais aussi des sculptures, des dessins, ou des objets carrément insolites et qui met en lumière l’incroyable vitalité de la création clermontoise.
Citons pour le plaisir (il n’y a pas de honte… etc) les artistes confirmés comme YOKO et ses fameuses têtes de Bouddha, NOKAT (présente à chaque édition…), Jean-Christophe Sendrall (tableaux noirs), Jérôme CLEM (tags sur boulldogs en plâtre…) ou encore Fabien Saugues ainsi que des premières expositions.
Le prochain vernissage, prévu au printemps, verra exceptionnellement le célebrissime camion Bento, qui officie traditionnellement en proche périphérie et dont la réputation de savoureuse cuisine gastronomique n’est plus à faire («les bouchées de mon Bento»), rejoindre les festivités du HANGAR, en plein centre ville !
Au HANGAR, on aime manifestement cultiver le bon goût plutôt que les promos commerciales tapageuses pour des clients envisagés comme des êtres doués d’une capacité à s’émouvoir et non simplement dotés d’un trop réducteur pouvoir d’achat.
Bref, créer une boutique super conviviale où le choix de beaux vêtements à des tarifs hallucinants est renouvelé chaque jour et où il est possible, en plus, d’être interloqué, surpris ou séduit par une oeuvre d’art contemporaine ne relève en définitive d’aucune forme d’illumination pour ce qui concerne Marie-Reine mais plutôt d’une disposition toute particulière au bonheur dont un certain Sigmund rappelait qu’il n’est jamais en définitive qu’«un rêve d’enfant réalisé dans l’âge adulte».
CharlyM
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