Des cartes : le discours et la méthode

Je ne sais plus qui disait : «Je ne suis pas superstitieux, ça porte malheur», mais je partage tout à fait cet avis. C’est pourquoi pour prédire mon avenir, je ne lis que dans les cartes d’Emmanuel Hodencq, le très réputé et non moins talentueux chef étoilé clermontois, pour être bien certain de n’attendre que du bonheur. Et quand je parle de bonheur, c’est uniquement parce que mon naturel tempérament tempéré rechigne à céder à l’exaltation facile, mais tout de même, la simple lecture de la toute nouvelle carte du maître des fourneaux me laisse pour ainsi dire en état semi-extatique.

Entrées, plats ou desserts, chaque proposition est un enchantement de saveurs, une composition délicate d’arômes et de textures qui forcent l’admiration. Emmanuel Hodencq est résolument un artiste qui compose derrière son piano des variations de caractère, tout en fraîcheur et en originalité, à destination des papilles les plus exigeantes. Et encore, je ne vous parle pas de la carte des vins.

Bref, je ne sais si ce sont toutes ces sublimes tentations ou le parfum de ce printemps naissant qui m’emplissent de désirs gourmands, même si le bon goût dont on ne saurait se départir interdit de regarder le dessous des cartes. Quant à l’avenir, restons sereins, ce n’est finalement que du passé en retard…