Si l’on en croit la proposition de l’immense Boris Cyrulnik dans son ouvrage Les nourritures affectives, à savoir que «le paradoxe de la condition humaine, c’est qu’on ne peut devenir soi-même que sous l’influence des autres». On ne peut dès lors que se réjouir du retour d’Anne Espinasse au Passage Blatin. En effet, quitte à être sous influence, autant choisir celle, délectable, de cette diplômée de la prestigieuse Ecole Boule, grande amatrice d’art s’il en est et qui réouvre donc après quelques mois de fermeture son indispensable boutique Cour Intérieure.
Comme avant, on y retrouve une bouleversante sélection de mobilier vintage de la plus belle facture qui soit, mais aussi, dans cette nouvelle version, surtout des pièces d’origine (les rééditions, on ne saurait s’en plaindre, n’ont pas voix au chapitre chez Cour Intéreiure) de déco ou d’ameublement souvent issus des plus remarquables courants de la création artistique du XXè Siècle. Chaque modèle proposé par Anne est une véritable tentation. Pour un budget très abordable, les amateurs de «beau» peuvent ainsi offrir à leur intérieur un voluptueux supplément d’âme et à leur imaginaire un développement infini.
En ce sens, Anne préfère qualifier Cour Intérieure, saison2, de «salon de curiosités» plutôt que de boutique d’art. Mais la curiosité, comme aime à le rappeler Daniel Pennac, «on ne la force pas, on l’éveille». Sans doute est-ce pour cela qu’on retrouve dans ce lieu à nul autre pareil les productions et oeuvres de jeunes artistes contemporains, qu’ils soient peintres, plasticiens, céramistes, photographes ou joailliers. On citera, pour l’exemple, l’emblématique Keymi, en contrat d’exclusivité avec la boutique, ou la très impressionnante créatrice Marie Suzan Bordes, créatrice de bijoux qui signe un subjuguant travail de broderie indienne où scintillent avec délicatesse pierres semi-précieuses, et strass Swarovski, en utilisant la technique “AARI” étudié dans un atelier à bombay. Marie Suzan brode pour de grandes signatures Parisiennes(Chanel, Oscar de la Renta, Isabel Marant…
On l’aura compris Anne Espinasse cultive avec grâce un art éminemment vivant et si nécessaire à nos questionnements existentiels et nos appétits émotionnels. La preuve en est qu’elle organise deux fois par an un rendez-vous festif et effervescent autour d’un artiste qu’elle affectionne tout particulièrement. C’est le talentueux peintre, écrivain et philosophe Jean-Paul Dupuy qui se prêtera à l’exercice ce mois-ci, le 13 décembre précisément.
Bref, on serait certainement un peu moins nous-mêmes sans la présence de cette Cour Intérieure à Clermont-Ferrand. Titouan Lamazou n’a certainement pas tout à fait tord lorsqu’il dit que «ce ne sont pas les influences en elles-mêmes mais le choix des influences qui comptent».
CharlyM
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